ROUGE D'ETE
Publié le 11 Juillet 2015
Sur le talus du chemin de fer, les coquelicots regardent d’un œil noir passer les trains. Il y a de quoi ! Associés à la blondeur dorée du blé, ils inspiraient les poètes, les peintres et les chemineaux qui trouvaient dans leur présence un réconfort à leur vie de misère. Maintenant, l’armée en déroute des coquelicots regarde passer les trains climatisés emportant derrière leurs vitres teintées des voyageurs qui n’ont pas même un regard pour eux.
Ce fils du vent ne doit sa survie qu’à une suite de petits hasards qui font que la vie ne s’arrête jamais : une bourrasque incongrue qui a soulevé sa robe ponceau, froissée comme un papier crépon et fait s’envoler quelques graines...
Au bonheur de nos paysages, au hasard des chemins, entre deux pavés, miraculeusement épargné, le coquelicot continue de vivre, de survivre pour qu’un jour, un enfant de Mouloudji, ayant assez de poésie dans le cœur et un grand jardin dans la tête écrive une nouvelle chanson…
(texte du net)